Suite à la demande du Ministre Magnette sur la ligne à suivre pour édifier un nouveau musée d’art moderne à Bruxelles.
Monsieur le Ministre,
Je tiens tout d’abord à vous remercier de me donner la parole, car ce n’est pas dans les habitudes politiques de concerter les vieux routiers de l’art. On préfère généralement s’adresser aux autoproclamés professionnels de la profession qui encombrent les corridors des ministères.Je vais donc tenter, comme vous le préconisez, d’être bref et le plus économiquement lucide.
Précautions architecturales pour un musée d’art contemporain
La première des préoccupations doit être d’ordre utilitaire et non esthétique.La mobilité des cimaises et la circulation du public, y compris des enfants et des personnes handicapées, ne peut se faire que dans des architectures simples, fonctionnelles, rectilignes, étudiées en fonction de l’éclairage intérieur et extérieur. J’estime que l’exemple du WIELS, du M de Louvain, du Wallraf-Richartz de Cologne se rapprochent plus ou moins de ces critères. Celles du Pompidou de Metz, de Bilbao, de l’ex-musée enterré de Bruxelles, du MAS d’Anvers, à cet égard, ne sont pas à suivre. Indépendamment de leur aspect spectaculaire indéniable, la pratique de leur espace intérieur est terriblement limitée. Les exemples types de meilleures réussites muséales modernes se trouvent généralement en Suisse (à Bâle notamment).Je suis presque sûr qu’à l’exemple du WIELS existe dans la ville de Bruxelles ou sa périphérie un bâtiment désaffecté qui pourrait convenir à ce type de fonction. La rénovation d’un ancien palais d’expo à Gand, ainsi que les musées d’Anvers et Ostende sont de bons exemples de rénovation. Cette première contrainte oblige l’architecte à se plier à une forme extérieure connue. Cela permet de mieux susciter la créativité sur l’espace intérieur et ses impératifs. Je sais que cette opinion va énerver ceux qui sont enclins à voir dans un musée l’occasion de créer un signal, un geste, une forme originale qui puisse être vue de loin et répercutée dans les médias. On comprend leur désir, mais rares sont ceux qui savent allier harmonieusement la carrosserie au moteur, même parmi les plus grands.
Exposer quoi ?
Avant de répondre à cette question, je voudrais attirer votre attention sur ce qui reste en suspens et en recul de votre questionnaire. Qui pourrait animer ce musée d’art contemporain ? C’est pourtant la question cruciale qu’il faut se poser, car c’est la plus grave. Je me souviens très bien lorsque Karel Geirlandt m’a annoncé que l’association des collectionneurs de Gand avait enfin trouvé la bonne personne, alors que le musée n’existait pas encore. Rappelons que lorsque Jan Hoet a émergé sur la scène internationale, il ne gérait qu’un espace restreint à l’intérieur du musée d’art ancien. Malgré cet handicap, le milieu international a vite reconnu son talent et il a bénéficié d’une volonté politique qui lui faisait une confiance absolue. La collection qu’il laisse en est la preuve, cela doit faire réfléchir. C’est lui qui a dicté le plan de ce qu’est devenu le SMAK et non l’inverse.Quelles sont les priorités d’un musée d’art moderne en général ? D’abord d’être fréquenté par le plus grand public possible. Ensuite de faire bonne figure par rapport à la scène internationale, sans oublier de révéler le passé et l’actualité du pays toutes tendances confondues. Il se doit aussi d’exposer les artistes internationaux confirmés ou non, mais au travers d’une vision globale du sens de l’histoire de l’art. De montrer et d’animer la collection permanente internationale, qui est le reflet de la politique d’achat de la communauté. Lors de la reprise d’expos extérieures ou du prêt d’œuvres des collections permanentes, exiger la réciprocité afin de promotionner nos artistes.
Visibilité
Il est important d’avoir un nom simple qui se retient, pas une de ces abréviations idiotes qui se ressemblent toutes. Le nom fait partie de l’image, il en est sa première publicité, celle qui se retient. Il doit être en bonne place sur l’architecture et visible de loin, de jour comme de nuit.La signalisation dans la ville est très importante. La plupart du temps elle est invisible ou illisible. Le parking doit être vaste aussi bien pour le personnel que pour les visiteurs.Le principal reproche qui est fait aux musées d’art contemporain que je fréquente ici et ailleurs, est de ne pas faire une place importante aux fleurons des collections privées, de ne pas assez s’en préoccuper, d’ignorer le rôle des galeries et de plutôt les remplacer. Mais aussi de délaisser la collection permanente, de l’occulter ou de ne pas en varier l’accrochage.L’équilibre général doit être établi par le directeur artistique. Cette figure centrale doit être à la fois capable de créer des évènements spectaculaires de haut niveau, perceptibles par tous les publics, tout en ménageant activement des activités plus pointues et plus intériorisées. Il doit prévoir des salles propres à recevoir de la vidéo, des films. Un espace scénique propice à recevoir des colloques, des conférences-débats, des fêtes occasionnelles, de la danse moderne, des performances.C’est dire si ce coordinateur doit être assisté par des techniciens et des collaborateurs compétents et plurilingues, y compris par de jeunes guides d’exposition créant le contact avec le public et recrutés dans les classes d’histoire de l’art. Chaque section du musée doit s’aligner sur le scénario général de la programmation. Ce n’est que lorsque le staff est opérationnel que l’on peut alors envisager un programme dans de bonnes conditions. Etant très proche de la régie et technique d’un grand musée récent, je comprends que c’est de cela qu’il s’agit avant tout.Le point noir de la plupart des musées que j’ai fréquentés : les relations presse-info. Une présence trop faible, illisible ou nulle sur le Net. C’est pourtant d’une importance énorme sur le terrain international. Cela demande une technique informatique de haut vol.
La situation géographique est aussi importante. Proche d’une embranchement d’autoroute, ce qui facilite les allées et venues des transporteurs, cars et voitures. L’implantation au cœur des villes n’est possible que lorsque le tracé est facilement repérable. L’immédiate périphérie est à conseiller, comme pour le Bonnefanten Museum à Maastricht ou le Ludwig Forum à Aix-la-Chapelle. Il doit par ailleurs être très bien desservi par les transports en commun.
Activités : en dehors des expos, tenir un atelier réservé aux enfants pour établir une pédagogie vivante à l’intérieur de ce musée. Une cafétaria-restaurant avec prix attractifs. Généralement, la gérance de ces lieux n’est pas terrible. Exemples à suivre : Wallraf-Richartz Museum de Cologne, Marta d’Herford, Musée d’Orsay, Mudam de Luxembourg. Ces endroits doivent être spacieux et capables de recevoir un grand nombre de personnes dans un espace ouvert qui peut être transformé en salle de bal occasionnelle (acoustique à surveiller, en général peu étudiée).
Dépendances : attenant aux réserves du musée, un ou deux appartements permettant aux artistes et curateurs de travailler à leur expo dans les meilleures conditions. Avoir un atelier de menuiserie et de peintures très bien équipé, capable de satisfaire rapidement les desiderata des monteurs de l’expo. Bénéficier d’un accès couvert pour les transporteurs d’œuvres (lacune de la plupart des musées, lesquels doivent emprunter des ruses de Sioux pour sortir et rentrer les œuvres et les décors d’expos).
Le partenariat avec les organismes privés doit se faire tous azimuts, aussi bien avec les entreprises et les banques mécènes qu’avec les autres musées, mais avec la prudence et la distance nécessaires. Les musées sont trop souvent les relais du marché dominant, alors qu’ils devraient être le lieu de son décryptage critique.
Le bookshop est aussi un point dur dans les musées. L’architecture le relègue souvent dans des espaces inconfortables et mal étudiés alors que cet endroit est de plus en plus fréquenté par les visiteurs et une source de revenus importante. Beaubourg ne s’en tire pas trop mal (vu sa taille). Comme le restaurant, la partie informative doit être gérée par un professionnel et non par un gardien de remplacement.
En fait, un musée d’art contemporain, c’est une petite usine, et peu d’architectes le comprennent, trop préoccupés par leur geste extérieur. Tout doit y être au service de l’art. C’est la démarche inverse en général qu’on pratique. On invite un architecte à la mode qui fait un meuble à sa gloire, et tout le personnel que l’on nomme par la suite passe le restant de ses jours à se plier à ses élucubrations, quand ce n’est pas à les modifier. Il suffit d’en parler discrètement à la plupart des conservateurs de ces fameux nouveaux musées pour en apprendre de belles à ce sujet.
Il y aurait encore de nombreuses remarques à faire, mais ce sont celles qui me viennent à l’esprit. Elles sont donc bien éloignées de la forme extérieure que devrait avoir ce musée. J’ai mélangé le rôle de celui qui doit diriger un musée avec celui de son architecture pour la simple raison que j’estime qu’ils sont étroitement liés. Un programme d’exposition doit être aussi une œuvre d’art au service du plus grand nombre de citoyens et d’un certain rayonnement dans le monde.
En vous remerciant de votre attention, croyez, Monsieur le Ministre, à ma plus haute considération,
Jacques Charlier
2 comments
Kurz Danielle
Tres bien mais ..
1 qu’aller vous faire avec l’ego d’un architecte a la noix qui va se masturber avec des baguettes chinoises pour creer son oeuvre et ne pensera pas a l’art ex le MOMA a N »Y une vraie horreur ….. Bel exemple pour moi vous l’avez a Liege Galerie Monos quel espace !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!simple clair et blanc …
2 Staff operationel En Belgique Mr Charlier mais vous rever ,,,, et les vacances et les heures ..et l’ouverture … Vous etes je crois le seul pays au monde qui ferme a midi pour le lunch !!!!!!!!!!!
Chez nous les musees marchent a cause des volontaires ….. je sais il faut payer …mais cela donne de l’occupation a des gens qui autrement boivent des bieres avec l’argent du chomage (Belgique )!!!!!!!!!!!!!!. mais si …gratuit en Belgique vous payer quand meme sans le savoir dans vos taxes … (prix bas mais pourquoi chez vous tout doit etre donner !!!!!!!!!!Je me rapelle une soiree au musee de Liege ou l’on allumait les salles au moment ou les visiteurs entraient dans la salle et ou la directrice m’a donner 3 feuilles de papier cul pour les toilettes ,…….!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
3Le nom et pouquoi just ART qui si vous voulez lui donner une signification pourrais dire A amour …R respect …T tolerence car il faut par moment de la tolerence pour ne pas etre mechant et ne pa juger les merdes quel l’on nous propose dans le monde entier ..au nom de l’art ….
voila …
Mais comme vous aller souffrir et combien de tonnes de papiers… de patttes graisees ,,,de baizouillages pour faire partie de ce projet !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Monsieur Charler Bonne chance ….
Danielle Kurz
léon wuidar
« L’évidence même » Léon Wuidar