LA SIMPLICITE ORDINAIRE
L’Avenir, c’est du passé en préparation
Pierre Dac
J’ai mal à mon premier Ministre. Dès qu’il a annoncé que nous allions devoir renflouer l’argent des banques, j’ai sentis que ce n’était qu’un début et qu’il n’osait pas tout dire. Il va donc bien falloir changer son fusil d’épaule et revenir à l’ordinaire, au minimum, au basique, au radinisme radical. J’ai arrêté de fumer depuis trois mois, le reste va suivre. Je laisse désormais la bagnole au garage et me déplace sur la pointe des pieds pour ne pas user les talons. L’éclairage, c’est réglé, j’ai acheté une lanterne à pétrole chez “Nature et Découvertes”, un chouette magasin où on trouve plein de matos de survie.
J’ai aussi résilié mon abonnement au Soir. Je n’aurais donc plus de nouvelles au sujet de ce que j’avais vu la veille au J.T. Je me contenterais de lire Vlan et Publi Hebdo, histoire de rester au courant de l’actualité, car j’ai revendu mon plasma, ma radio, mes CD et tout le fourbi sur la brocante de St-Gilles. Pour le chauffage, c’est plus délicat. On a l’eau de la citerne qu’on se réchauffe au perco pour remplir les bouillottes. Comme ça ne suffit pas, on fait beaucoup de gym et on court dans les escaliers à vive allure. Faire la vaisselle est un bon truc pour se réchauffer les mains et même les pieds.
Pour la bouffe, j’ai un filon au resto du coeur à condition d’y aller très tôt, pour ne pas faire la file avec les pauvres, car on risque de se faire repérer. Les déplacements se font en covoiturage avec quelques poires. Je leur offre des pralines Galler d’occase prix usine une fois par mois. On brunche souvent à midi chez Colruyt, le stand de dégustation charcu est peu surveillé et bien fourni. Pour les grandes occasions, j’ai un calendrier des réceptions politiques et des vernissages people. J’y invite mes copains et on se fait son petit coin pour fêter l’évènement. Voilà en gros, les trucs que j’ai trouvés pour respecter le programme de notre cher Premier.
C’est vrai que ce sera dur, mais il nous a promis une belle lumière au bout du tunnel. Faisons lui confiance et suivons la voie de l’éspérance. Quand il fera une déclaration pour annoncer les prochaines restrictions, j’irai l’écouter chez ma dentiste. Dans la salle d’attente, il y a une radio branchée sur la Première.
Jacques Charlier,
janvier 2012
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