Un concerné n’est pas nécessairement un imbécile encerclé. Pierre Dac.
Ouf ! Fini de se tracasser les méninges pour des projets à longue échéance, la fin du monde est proche. Date fixée: 12 décembre 2012 ! Tant pis pour les réveillons et les vacances d’hiver, sauf pour les illuminés qui seront déjà planqués aux alentours du pic languedocien de Bugarach 1). Ce vortex énergétique de 1231 mètres de haut, proche de Carcassonne et de Perpignan sera protégé du cataclysme .C’est du moins ce que prédit Judy Zebra Knight, fondatrice botoxée de la secte Ramtha qui initie depuis 2004 des milliers d’américains en préparant l’événement . Un bon gros plan gourou, qui fait sonner le Jack-pot et permet de s’incruster en Europe, pour le fameux rendez final.
On avait déjà fort affaire avec les croyances, chrétiennes, juives, musulmanes et laïques , On ne s’étonnera donc pas que le millénarisme est bel et bien de retour. Pour la secte Ramtha Les tsunamis, les twins, la fonte et l’inversion magnétique des pôles, le calendrier maya, les tremblements de terre, le réchauffement de la planète, Tchernobyl et Fukushima sont des signes avant-coureurs évidents annonçant la fin des temps. Le moment est donc venu de rassembler les élus pour les mettre en route vers un nouvel Armageddon branché.
Ne rions pas trop de ces dérives post-sixties, car nous nous imaginons tous et toutes, être du bon côté de la balance. Si la foi dans le politique est devenue caduque, nous croyons dur comme fer en bien d’autres choses irrationnelles pour lesquelles nous nous sacrifions quotidiennement.
La preuve? Ceux qui affirment ne croire en rien, avouent en privé qu’ils envient ceux qui croient, car la foi éteint miraculeusement l’angoisse. Non seulement les religions donnent du sens au monde, mais on oublie qu’il en est de même pour d’autres croyances aussi mobilisatrices. La foi du supporter du Standard , du fan de Beyonce ou d’Elvis, du macrobiotique, du monarchiste, de l’échangiste, du collectionneur de sacs vomitoires de compagnies aériennes peut aussi virer au fanatisme buté. Les embrigadés de bonne foi regardent immanquablement de haut ceux qui n’en sont pas. Le nombre grandissant d’adeptes d’une même obsession, idéologie, technique, club, parti de gauche, droite, centre, dope l’intensité de l’adhérence à un idéal commun. Il rassure tellement qu’on serait parfois prêt à lui donner sa vie… ou presque. Chaque groupe, famille, cellule ou association court le danger de devenir un abri bétonné psychologique où ce qui s’y passe est considéré comme bon et ce qui se trouve dehors impur , négatif et nuisible. Dans les cas extrêmes, à éliminer.
La sursaturation des messages qui nous harcèlent favorise le désir de se réfugier auprès de ceux qui pensent de même. Se nourrir des mêmes aliments, se vêtir du même type de vêtement, appliquer les mêmes traditions, pratiquer le même sport, le même vocabulaire. Ne pas y introduire le recul critique nécessaire peut facilement faire basculer dans l’inceste intellectuel et ses conséquences toxiques. La foi brise la barrière des générations, des statuts sociaux. Elle soude, rassemble, fait corps, donne de la cohérence et de la force, mais s’invente aussi des ennemis et des autres à écarter, séduire, dominer, conquérir ou convertir.
Chez les plus fragiles comme chez les plus réticents, on peut justifier la manière positive de laver une salade , de respirer l’air ou de faire l’amour. Tout est réglé selon un mode d’emploi simple et accessible à tous, en faisant sonner le tiroir-caisse , car on finit toujours hélas par payer le prix fort au groupe pour croire ne plus être seul et vivre ensemble, mais sans les autres. En attendant le jour béni où les ovnis illumineront le Sinaï du département de l’Aude. espérons que les belges aient enfin un gouvernement et qu’ils y croient.
J.CHARLIER
1) Il aurait inspiré Spielberg pour sa rencontre du 3ème type
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