Bart n’est pas qu’un politicien. Animateur de télé-réalité est son vrai job, sa passion, son exutoire caché. Il en a les atouts et son humour ravageur confortent sa renommée à chaque apparition médiatique.Un humour capable de racoler aussi bien l’entre-deux pinches de la partie de fléchettes que le café-cognac de la partie de golf, car notre star n’est pas seulement à la tête d’un parti, il a pris la tête d’une nation du pays.
Son bedon et sa démarche placide confirment que désormais c’est lui le patron, le chef d’une bande de potes à qui on ne la fait pas . Le seul qui a compris que les mots en politique ne font mouche que s’ils sont en porte à faux avec le baratin éculé de la communication de Papa.
Lorsqu’il apparaît, ça sent le scoop, tout le monde s’écarte et les rivaux de tous bords qui lui tendent la papatte, deviennent brusquement des gringalets ringards et souffreteux. L’exploitant agricole prospère et le chômeur récent ne peuvent que se gausser grassement de leur look vieillot et de l’élégance raffinée de premier communiant Di Rupo.
Voilà enfin un homme, qui sans violence et sans chichis, réclame ce qui leur est dû et va les délivrer du poids mort des socialos-tireurs-au-cul. Les débarrasser de cette clique de ploucs incapables de parler un autre sabir que celui qui les a toujours relégué au fond de la classe.
Restituer les terres occupées par ces nuls rackettant les caisses de l’état et laissant des pans entiers de leur capitale aux mains des caïds étrangers, n’est que rendre enfin justice. L’indépendance de la Flandre en tant que nation a donc été déclarée hier, avec bonhommie, sans grandiloquence et sans bain de sang, coupant les ailes à tout compromis fictif. C’est ça l’effet de vérité et le bluff que Bart manipulent avec la dextérité du joueur de poker imbattable. Il transforme un fantasme archaïque en réalité évidente, irréversible et sans appel.
Loin des harangues tonitruantes et baveuses de la vieille droite, les arguments qu’il développe cyniquement devant les caméras n’ont rien de prophétique ou d’ampoulé. Il les dicte avec le ton confidentiel du prof qui s’adresse patiemment au cancre qui n’a pas compris et qui ne veut pas comprendre. C’est ce ton détendu et placide qui séduit lorsqu’on tue le temps au comptoir du café de la gare avec un inconnu sympa. Pourvoyeur génial de l’émotionnel à tous crins, Il a laissé au grenier les vessies et les lanternes des communicants à dix balles pour nous imposer sa logique.
Le malheur pour le pays , c’est que les nombreux naïfs qui le vénèrent, oublient que le fantasme n’est pas fait pour être transgressé. Chaque fois qu’on l’extirpe de l’imaginaire et qu’on le vit dans la réalité, on en sort démoli, déçu et horrifié, mais il est trop tard.
Jacques Charlier.
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